L’Université virtuelle du Sénégal (UVS) a participé à la 10ème conférence « AFRICOMM » qui s’est tenue du 29 au 30 novembre 2018 à l’hôtel King Fahd Palace.
L’objectif principal de cet évènement organisé par European Alliance for Innovation (EAI) en partenariat avec l’Ecole supérieure Polytechnique de Dakar (ESP) était d’orienter les choix stratégiques sur l’économie numérique et les politiques des villes émergentes pour le plus grand bénéfice des pays en développement, particulièrement le Sénégal.
En marge de cette conférence, s’est tenue le 1er atelier national portant sur le thème « Economie numérique et Smart Cities dans les pays émergents, enjeux, défis et impacts : Cas du Sénégal », organisé par l’Ecole supérieure polytechnique (ESP) de Dakar.
Cérémonie officielle d’ouverture
La cérémonie officielle d’ouverture a été présidée par le Ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche, et de l’Innovation, le Professeur Mary Teuw NIANE. Dans son allocution d’ouverture Monsieur le Ministre a relevé l’importance de la participation des acteurs nationaux et sous régionaux et à souligner le positionnement du Sénégal dans le développement du numérique : « Le Sénégal dispose d’une longue et riche histoire dans l’organisation d’événements scientifiques panafricains liés au développement des technologies de l’Information et des télécommunications ».
Par ailleurs, le ministre a réaffirmé l’importance du numérique comme levier de développement économique, social et culturel du Sénégal et pour la construction de son capital humain à travers le Plan Sénégal Emérgent (PSE). Pour étayer ses propos, le Ministre a égrené le chapelet de réalisations au niveau de l’enseignement supérieur et de la recherche, en rappelant les décisions du Conseil présidentiel du 14 août 2013.
Les données personnelles : un gisement inexploité ?
Les deux premiers panels ont révélé au public l’importance des données « data » dans cette ère marquée par une transition technologique. Ceux-ci ont porté sur les thèmes suivants : « Quel data pour les smart Cities pour booster l’économie et inversement ? » et « Environnement et mobilité urbaine (ordure, pollution, qualité de l’air, transports, etc) ».
En effet, l’intervention des panelistes a permis de relever l’existence de différents types de données, dont l’exploitation se révèlerait très bénéfique pour identifier les besoins des populations et les activités socio-économiques. Les données personnelles peuvent être recueillies de différentes manières : par l’étude et l’observation des comportements des individus et des groupes, mais aussi par la numérisation des services (mobilité, paiement, transferts d’argent, etc)
Cette dernière renseigne sur les itinéraires (dans le cadre du transport public ou privé), les habitudes de consommation, les centres d’intérêts des personnes. Ainsi, le traitement de ces données, permet d’orienter les choix politico-stratégiques, d’améliorer le quotidien des populations et d’anticiper sur des problématiques futures.
A la lumière des échanges, il ressort que des efforts importants ont été consentis par le gouvernement, en vue de faciliter l’accès des populations à la connectivité.
Ainsi, plusieurs recommandations ont été formulées à savoir la mise en place d’un laboratoire de recherche, la dématérialisation des données, l’adaptation de la gestion des données aux réalités locales, la mise en place d’infrastructures, l’instauration d’un modèle qui intègre la protection des données, la mise en place d’un cadre propice au développement des technologies, la dématérialisation des données, etc.
Le troisième panel sur le thème « Enjeux de la ville connectée : (5G, IoT, sécurité, …) », modérée par le Professeur Moussa LO
La « ville connectée : définition, enjeux et défis de l’appropriation
Ce panel a vu la participation de Monsieur Christian THIAM, Responsable de la Cellule numérique et de la formation Arts Graphiques et Numériques (AGN) au Pôle Sciences, Technologie et Numérique (STN), en présence de Monsieur Andrew SILLUVAN, Directeur de “Internet Society Monde”, qui effectuait sa première visite en Afrique. Ce panel visait l’élucidation des problématiques telles que : la quantité d’énergie nécessaire au fonctionnement d’une « smart city avec l’impact sur l’environnement. De ce panel, il ressort qu’une smart city n’est réalisable sans la collecte, mais surtout l’analyse des données. Ainsi, le niveau du Sénégal dans cette démarche a été amplement débattu par les acteurs présents.
Pour le Professeur Moussa LO, la mise en place d’une smart city ou « ville connectée » ne requiert pas beaucoup de choses. Il suffit de disposer d’objets connectés. Il précise que l’utilisation de ces objets connectés permettrait une réduction sensible des problèmes de mobilité. Cependant, il pose le problème d’appropriation de ces technologies par les populations comme le véritable enjeu. Il estime qu’il s’agit d’un préalable important, pour ne pas dire une nécessité à l’effectivité de villes connectées. Il a regretté l’inutilisation de la multitude de services proposés par l’Agence de l’Informatique de l’Etat.
A son tour, Monsieur Christian THIAM a relevé que la construction d’une ville connectée doit partir de l’élucidation du concept. Cela passe par la définition du concept, de ses contours et de son cadre d’application. Et Monsieur THIAM, pour abonder dans le même sens que le Coordonnateur de l’UVS, a relevé l’importance de la culture du numérique chez les populations, pour l’accomplissement de ce concept. Par ailleurs, il déplore l’inexistence en Afrique d’une culture d’utilisation des données dans la gestion des villes.
Définir un cadre d’application
Dans un autre registre, le professeur Moussa LO, estime que la notion de ville connectée est une dynamique, « c’est une construction qui évolue ». Par ailleurs, il s’est interrogé sur son cadre d’application : « Qu’appelle-t-on par ville connectée ? Est-ce la ville comme on l’entend ? Est-ce qu’elle s’étend au village » ? Et le Professeur LO de souligner l’importance d’avoir cette stratégie à l’échelle nationale et des collectivités, mais surtout de ne pas attendre que la technologie nous l’impose.
Monsieur THIAM, a pour sa part, relevé l’importance de l’approche inclusive dans la démarche. Selon lui, « tout part des communautés locales ». Et Monsieur THIAM de souligner l’existence de plusieurs goulots d’étranglement, à savoir la question de la réglementation, de la législation, de l’adaptation des nouveaux bâtiments aux innovations technologiques et la nécessité d’installer des moyens de collecte et d’exploitation des données.
Synthèse
En guise de synthèse, le Professeur Moussa LO a insisté sur la nécessité d’intégrer la notion (laquelle ?) dans les stratégies globales de l’Etat ou de gouvernance locale. Pour lui, une vision prospective permettrait d’établir des choix stratégiques clairs à ce sujet : « C’est là que les universitaires sont interpellés : notre rôle est d’orienter les politiques ».
Pour terminer, Monsieur Gervais MENDY, s’est réjoui d’un bon déroulement de la conférence, et de l’opportunité qu’elle constitue pour former un groupe de recherche sur le numérique.
Des échanges sur cette conférence, qui a rassemblé les acteurs du secteur public, du secteur privé, et des universitaires on fait ressortir l’importance du numérique dans la vie des populations, et son rôle dans la résolution de problèmes socio-économiques. Cela passe par la prise en compte par l’Etat des enjeux des infrastructures, et de l’appropriation du numérique par les populations, par l’implication des chercheurs et de la sécurisation des données.
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Garmy SOW