Le mardi 1er décembre 2020, l’Université numérique Cheikh Hamidou KANE (UN-CHK), à travers le pôle Lettres Sciences humaines et de l’Education (LSHE), l’Université de Sherbrooke, l’Université Laval et Global Partnership Network (GPN) ont tenu un atelier de réflexion sur la gouvernance des systèmes scolaires, sur la plateforme collaborative de l’UVS, en perspective du lancement d’un nouveau Master intitulé « Administration, Gouvernance et Gestion des Etablissements d’Enseignement » (AGGEE). Cet atelier a été l’occasion pour les intervenants de revenir sur les différentes problématiques liées à la gouvernance des systèmes scolaires.
Les interventions des panélistes ont mis en lumière une problématique aussi importante que complexe. En effet, selon Ababacar Cissé BA, enseignant-chercheur, Responsable de la formation en Sciences de l’Education à l’UN-CHK et modérateur de la première partie de ce panel, plusieurs chercheurs perçoivent l’éducation comme un système ouvert, influencé par son environnement. Mais, poursuit-il, ce vaste champ d’études subit les soubresauts des profondes mutations du contexte économique, social, et politique. Ainsi, ces changements de paradigmes nécessitent une réadaptation de l’administration des systèmes scolaires.
A sa suite, Dr Mamadou Vieux Lamine SANE, Responsable du pôle Lettres, Sciences humaines et de l’Education à l’UN-CHK, intervenant sur « Les principes et enjeux de l’administration de l’éducation », a évoqué les principes de l’administration et les relations entre les acteurs que sont le politicien, l’administrateur, et les enseignants, qui ne sont pas souvent sur la même longueur d’onde, du fait de leurs positions et missions. Sur les enjeux de l’éducation, il a indiqué l’importance de la planification, de l’inclusion, de l’intégration, et de la réussite du plus grand nombre d’apprenants.
Sur la question de l’administration de l’Education, M. Abdoulaye ANNE de l’Université de Laval, est revenu sur les éléments de définition et de caractérisation de la gouvernance de l’éducation, les travaux faits dans ce sens, les défis qu’il rencontre, et les principes qui la sous-tendent.
Selon lui, certains auteurs considèrent l’administration de l’éducation comme un niveau de gouvernance. Ce dernier, selon lui inclue l’administration scolaire. Il ajoute : « le concept de gouvernance n’est pas quelque chose de nouveau : au XIIIe siècle déjà, il était défini comme « l’art et la manière de gouverner ». Ses caractéristiques selon l’Office québécois de la Langue française, (OQLF) sont : la maitrise des processus de consultation, le partenariat, et le travail collaboratif, la transparence et la clarté dans les communications, l’efficacité et l’efficience dans la réalisation d’une mission et de mandats.
Le Professeur Jean Louis CORREA, Responsable du pôle des Sciences économiques, juridiques et de l’Administration à l’UN-CHK, a, quant à lui abordé la question des compétences transférées dans le domaine de l’éducation. Il a essayé de montrer le lien entre la décentralisation juridique et politique et la décentralisation des politiques d’éducation au Sénégal. Dans son argumentaire, il a démontré qu’au fur et à mesure de l’avancement des politiques de décentralisation, les organes de pilotage des systèmes éducatifs ont parfaitement épousé le découpage administratif. En 2013, on arrive à une troisième étape fondamentale de la politique de décentralisation qu’on a appelé Acte III de la décentralisation, lequel va procéder à la suppression de la Région, et entrainer la communalisation et la départementalisation intégrale du Sénégal ; d’où, fait-il constater : « nous sommes passés de l’appellation de collectivité locale à collectivité territoriale avec la nécessité d’adaptation des politiques publiques à cette nouvelle territorialisation ». Néanmoins, il révèle l’existence de difficultés notées dans l’appropriation et la compréhension de cette dynamique territoriale, dans la gouvernance des systèmes scolaires.
Après cet exposé, le Dr Abdoul Alpha DIA, Directeur des Etudes, de la Recherche et de l’Innovation (DERI) à l’UN-CHK, a fait une présentation sur les Coûts et financements de l’Education au Sénégal. Il est revenu, dans une première partie, sur les chiffres clés et la contribution des différents acteurs du Sénégal au financement de l’éducation, et, dans une seconde partie, sur quelques problématiques majeures. Pour montrer l’importance de l’éducation, il a rappelé l’assertion d’Abraham LINCOLN, qui disait : « Si vous trouvez que l’éducation coûte cher, essayez l’ignorance ». Et Dr DIA de relever les conséquences d’une absence d’éducation dans une société. Sur les mécanismes de financement, il dira qu’ils sont portés par le secteur public, le secteur privé et les financements étrangers. Pour ce qui est du Sénégal, le financement de l’éducation est essentiellement fait par l’Etat. Mais, ajoute-t-il : « Si l’Etat investit beaucoup, ces dépenses se font en fonction des ressources disponibles et non des besoins identifiés. Il souligne les efforts faits par l’Etat du Sénégal dont les dépenses publiques dans l’éducation s’élèvent à constituent 21% des dépenses. Ces dépenses ont significativement augmenté au cours de la dernière décennie. En effet, de 375 milliard en 2010, elles sont passées à 620 milliard en 2018, Cependant, il regrette qu’une faible part de ces dépenses profite véritablement aux apprenants à l’apprenant.
D’autres interventions sont aussi venues enrichir cet atelier, dans la deuxième partie modérée par Aladji Mamadou SANE, enseignant-chercheur à l’UN-CHK. C’est ainsi que Abdourahmane MBENGUE, enseignant-chercheur et Responsable du Master en Science de l’Education à l’UN-CHK est revenu sur les défis de la gestion des enseignements. Il a tenté de démontrer que le processus « enseignement apprentissage » ne peut être calqué sur un modèle, et qu’il faut nécessairement tenir compte des changements de paradigmes dans le domaine éducatif. Pour lui, cela implique donc un nouveau type d’apprenant, mais aussi de nouvelles tendances pédagogiques, d’où la nécessité pour les enseignants de saisir les opportunités offertes par les nouvelles technologies. Selon lui, il faut donc repenser la culture du numérique.
A sa suite, Jean Claude KALUBI, enseignant-chercheur à l’Université de Sherbrooke a fait sa présentation sur les enjeux et défis de l’inclusion scolaire en Afrique. Selon lui, il y a partout une augmentation de la demande de service en matière d’inclusion. Justement, parlant de la participation sociale, il estime qu’il faut mettre l’accent sur la contribution de tous les acteurs, qui doivent cheminer ensemble en dépit des spécificités et des différences de chaque enfant. Pour lui, l’inclusion, consiste à faire en sorte que chaque enfant se sente comme un élève à part entière. Sur ce registre, parlant de l’agenda de 2030 de l’UNESCO, il évoque les perspectives durables pour remettre les choses à plat et faire de la classe, un ascenseur social en vue de la promotion sociale. Cette intervention a mis fin à l’atelier, lequel sera suivi de la rédaction d’un ouvrage collectif qui sera publié par une revue nord-américaine.
Pour la clôture, Dr SANE, qui a tenu à remercier l’ensemble des participants, s’est fortement réjoui des différentes interventions, qui, selon lui, feront une contribution exemplaire au master sur la gouvernance des systèmes scolaires, qui sera lancé prochainement à l’UN-CHK. Celui-ci va permettre de former les publics, notamment les jeunes, pour comprendre cet environnement très complexe et essayer de relever ces défis en déconstruisant cette complexité qui la caractérise.
Citations
« L’éducation a toujours été une question politique et la multiplication accélérée des paliers de pouvoirs et des acteurs décisionnels en éducation a conduit à des formes multiples de politisation, rendant la gestion scolaire de plus en plus complexe » Pelletier (2009).
« Si vous trouvez que l’éducation coûte cher, essayez l’ignorance » d’Abraham LINCOLN
Garmy SOW
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